Plus simple

Très souvent j’aspire à une vie plus simple. Je ne sais pas si c’est Paris qui nous étouffe ou qui nous brime, mais l’aspiration à une vie plus concentrée sur les choses importantes est toujours là en toile de fond. Quand j’étais plus jeune je pleurais de n’être pas née dans une famille modeste de fonctionnaires de province, un milieu dans lequel devenir secrétaire avec un BTS est une réussite. Je ne sais pas si j’aspire vraiment à toutes les choses qu’on m’a insufflée presque par habitude. Non, je ne serai pas président de la République, d’ailleurs j’ai commencé en ratant Sciences-Po plus souvent qu’à mon tour.

J’aimerais me poser moins de question. A force d’avoir peur de rater ma vie, la vie si brillante à laquelle je semble promise, je ne vis pas du tout. Mon père voudrait que je devienne rédac chef, tant qu’on y est. Mais en ai-je envie? Ma mère voudrait sans le dire que je rencontre l’homme beau, riche et intelligent qui lui dira qu’elle m’a élevée comme il faut. Et je l’ai rencontré, sans savoir qu’il était riche d’ailleurs. D’une certaine façon, elle ne m’a pas pardonné de l’avoir laissé passer.

Depuis je traîne ma vie qui est ratée, n’est-ce pas? A force de réfléchir pour éviter les écueils et faire les choses « comme il faut », je ne fais rien. Ne vaudrait-il pas mieux que j’ai des enfants, même si je ne reste pas avec leur père toute ma vie? Ne serait-il pas mieux qu’ils existent, plutôt que de rester dans les limbes? Je ne ferai pas les choses parfaitement car je ne suis pas comme ça. Faut-il pour autant que je ne fasse rien? Et gonfler les rangs des vieilles filles qui jonchent mon arbre généalogique, comme autant de branches mortes, tuées par les convenances familiales.

Le dernier prétendant en date risque d’en faire les frais. Dans une grande ville comme celle-ci, comment est-il possible de ne pas rencontrer l’homme « approprié »? Celui qui, ni trop vieux ni trop jeune, beau car c’est une obligation, avec un travail à la progression prévisible, une famille normale par pitié, sérieux, de droite, blanc et se mariant car c’est la bonne chose à faire, me passera la bague au doigt, me fera deux enfants, trois si nous sommes vraiment inconscients. C’est ce qu’on attend de moi, en sachant qu’il ne sera jamais assez bien, jamais assez intelligent, assez ou trop ou ou ou…

 

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Panne sèche.

Je voulais recommencer à écrire, je vous jure, monsieur. Vous ne me croyez pas, hein, je le vois bien. Comme si j’étais comme ces gens qui se poussent du col, qui font semblant, qui prétendent. Mais pas moi monsieur, non pas moi.

J’avoue. Je me suis offert des vacances. Longues, oui, assez longues. Je n’ai pas une seconde à moi. Je réfléchis et je lis, ça fait du bien vous savez, de s’arrêter un moment. D’avoir du temps. Pas que pour soi, pour les autres aussi. Pour parler, pour discuter, pour offrir quelques minutes de calme à ceux qui courent tout le temps.

Si je regrette? Non, la plupart du temps. Quelques jours c’est plus dur, ils me manquent, je me demande ce qui m’a pris de m’enfuir comme ça. Puis je me rappelle.

Ne croyez pas que je ne fasse rien! J’ai des journées bien remplies, étonnamment chargées! Je m’occupe de la pupuce à quatre pattes, je déjeune parfois seule mais rares sont les jours sans que vois quelqu’un. Celle qui a quitté son boulot, celui qui est à bout, l’homme qui a besoin de réconfort et celle enfin qui, le ventre rond, attend le jour de la rencontre.

Avant me semble très proche, pourtant. Je ne les ai pas vraiment quittés. Je suis tout près. Ils sont tous près. C’est bête qu’ils me manquent. Je n’aurais jamais cru que moi, étrange être sans coeur, puis-je créer des liens et m’y tenir.

Mais finalement c’est plutôt bien, non?

Révélation

Je voulais me lancer dans un bla-bla utopique sur à-quel-point-je-me-sens-bien quand je suis tombée sur un article, puis un blog, que je n’aurais jamais lu de moi-même. Cela justifie en soi mon abonnement à Grazia (looongue histoire pour en arriver jusque là, donc dans un prochain épisode).

Donc je lis le blog de JulietteF., puis du blog à l’origine du buzz, ou ramdam en bon français (non ce n’est pas une blague). Il se trouve qu’il fut une époque par si lointaine où je lisais parfois ce blog, Génération Berlin. Et je connais l’auteur, Manon. Parce que moi aussi, j’ai fait partie de cette génération partie prendre l’air à Berlin. Cela a l’air d’être une autre vie, mais là encore c’est une autre histoire.

Toujours est-il que, en lisant ces deux témoignages, je tombe des nues. Je suis allée au Berghain (mais pas souvent, c’est vrai), en club et dans des soirées étranges. Je suis souvent rentrée chez moi en vomissant la bière en surdose ingérée par mégarde, ou dépit, ou soif aussi. Le truc le plus violent que j’ai bu, c’est du gin -je déteste la vodka. Surtout, au grand jamais, on ne m’a proposé de drogue.

Quand j’y repense c’est presque bizarre. Comment ce fait-il qu’en tant d’années, dans un milieu de jeunes et pour certains de fêtards, je n’ai jamais vu passer ces petits sachets de comprimés ou de poudre?

Certes, je ne suis pas la fille la plus dévergondée du monde, c’est clair. Je n’aime pas étouffer de chaleur et empester la cigarette pendant trois jours. J’ai toujours travaillé, et donc presque toujours eu des obligations. Mais bon, j’ai vécu en WG avec une serveuse turque, des étudiants, des étrangers, des Berlinois… Mais jamais ça.

Mes amis étaient des gens comme moi qui faisaient leurs études, travaillaient et profitaient du dimanche pour le Flohmarkt ou des balades à vélo. Il se peut aussi que j’ai été terriblement naïve et pas voulu voir ce qui se passait, comme je n’ai aucun intérêt pour les drogues et une peur panique de perdre le contrôle de moi, j’ai certainement détourné la tête sans même y prêter attention. En y repensant, je sais même où se vendait la drogue et ai déjà croisé un dealer, mais ça m’était totalement sorti de l’esprit.

Deux choses néanmoins : premièrement, on ne m’a jamais rien proposé parce qu’il était évident que je dirais non. Je pense qu’il y a deux raisons à cela : la première, c’est que je devais donner l’apparence de quelqu’un qui n’en avait pas besoin, la seconde, c’est parce qu’on devait craindre mon jugement. Quand je vois comment certaines personnes me présentent, je comprends qu’il y a un malentendu sur ce que je dégage et ce que je ressens (et le but de toute cette démarche va être d’unifier tout cela, même si cela me semble être pour l’instant comme la quête de la physique qui réunira l’infiniment grand et la théorie quantique).

La deuxième chose que je réalise, c’est que j’ai toujours dit non a priori aux drogues par peur de perdre le contrôle de moi. C’est un deuxième effet kiss kool positif. Mais peut-être que c’est aussi un problème, et que de vouloir toujours se maîtriser n’est pas la solution. Je me demande à côté de quoi je suis passée, par crainte.